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(Québec) Si vous habitez dans un village ou dans une petite ville et qu’un membre de votre famille est déjà propriétaire d’une entreprise, vous serez plus déterminés que le Québécois moyen à vous lancer en affaires.

Et c’est davantage pour un «désir d’accomplissement» et un «besoin d’indépendance» que par la nécessité de survivre ou de sortir de la précarité que les Québécois vont mettre en branle les démarches pour créer leur entreprise.

Réalisée en partenariat avec l’Institut d’entrepreneuriat Banque Nationale/HEC Montréal, cette étude sur les entrepreneurs au Québec – la plus importante du genre dans la Belle Province – s’intéresse, cette fois, au potentiel entrepreneurial des Québécois à travers les particularités régionales, urbaines et rurales.

«Le milieu urbain voit son effet locomotive perdre graduellement de la vitesse quand vient le temps de passer à l’action», rend compte le coup de sonde effectué auprès de 2600 Québécois.

En effet, 20,9 % des citadins habitant en milieu urbain affirment leur intention de se lancer en affaires. Toutefois, ils sont à peine 9,9 % à amorcer des démarches. Seulement 7,2 % deviendront propriétaires d’une entreprise.

L’Indice entrepreneurial québécois 2015 relève que le taux de démarcheurs en milieu rural est pratiquement égal à celui constaté en milieu urbain. À la différence, qu’en milieu rural, c’est-à-dire dans les petites villes de 2500 à 9999 habitants et les villages, les gens passent de la parole aux actes, notamment en prenant la relève d’un entrepreneur ou en rachetant une entreprise, «avec un taux de propriétaires (12 %) surpassant de façon notable celui du milieu urbain (7,2 %)».

Le fait que des possibilités de carrière intéressantes dans les grandes villes soient plus nombreuses que dans les plus petites peut expliquer pourquoi les candidats de ces grandes villes à devenir des entrepreneurs vont plutôt choisir un emploi stable et bien payé dans une société établie.

Autre découverte, le fait de venir d’une famille qui brasse déjà des affaires double les chances de vouloir devenir entrepreneur.

«Les régions de l’Abitibi-Témiscamingue et du Saguenay-Lac-Saint-Jean sont même remarquables à cet égard. En effet, le fait de provenir d’une famille en affaires sur ces territoires augmente près de trois fois les chances de se trouver dans la chaîne entrepreneuriale.»

Les affaires, pourquoi?

S’il fut un temps où se lancer en affaires était une façon de se créer un emploi et de s’extirper de la spirale du chômage et de l’aide sociale, particulièrement en temps de crise économique, ce n’est plus le cas.

«L’indépendance de la prise de décisions constitue le principal attrait de l’entrepreneuriat, suivi de la satisfaction personnelle», révèle l’étude.

«Le désir d’accomplissement personnel, celui de réaliser un rêve et le besoin d’indépendance représentent les raisons principales pour entreprise. C’est donc davantage l’opportunité que la nécessité qui motive les Québec à se lancer en affaires.»

Pour un tiers des répondants, avoir son entreprise ou travailler à son compte est un «choix optimal» de carrière.

«L’identification d’une occasion d’affaires est le facteur déclencheur le plus important pour passer à l’acte de création d’entreprise. S’ensuivent de près l’augmentation des compétences personnelles et la présence d’un mentor.»

Et pour un peu plus d’un quart des répondants qui ont entrepris des démarches, un montant de 5000 $ et moins est suffisant pour commencer l’exploitation d’une compagnie. Pour se lancer, les démarcheurs comptent principalement sur leurs économies personnelles. Les secteurs des services professionnels, scientifiques et techniques et le commerce de détail sont les plus attractifs pour les entrepreneurs en herbe.

Finalement, qu’est-ce qui freine les élans des Québécois à devenir leur propre boss?

«L’insécurité, l’incertitude et le risque relié à l’échec représentent les éléments les plus indésirables pour 55,6 % des répondants, suivis par les revenus instables (39,5 %), le stress relié aux affaires (26 %) et les longues heures de travail (21,5 %) », conclut l’Indice entrepreneurial québécois 2015.

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Le tiers des jeunes de 18 à 34 ans tentés par l’entrepreneuriat

N’étant plus un sujet tabou dans les maisons d’enseignement – la popularité des innombrables concours organisés dans les écoles primaires et secondaires ainsi que dans les collèges et les universités en est la preuve -, l’entrepreneuriat gagne du terrain au Québec. Un constat principalement attribuable au dynamisme des jeunes de 18 à 34 ans, affirme la Fondation de l’entrepreneuriat qui a publié, hier, l’Indice entrepreneurial québécois 2015.

Sur l’ensemble du Québec, le taux d’intentions entrepreneuriales est de 20,1 %.

Il s’agit d’une légère hausse. Il affichait 19,1 % l’an dernier. La barrière du 20 % a été franchie de justesse. C’est déjà ça de pris, diront les plus optimistes.

Montréal et Laval constituent les deux pôles les plus dynamiques, dépassant la moyenne provinciale; «des taux notamment teintés par la présence forte d’immigrants sur ces territoires».

Dans le cas des régions de la Capitale-Nationale et de la Chaudière-Appalaches, le taux d’intentions entrepreneuriales se situent dans la moyenne provinciale.

N’empêche que la Belle Province tire encore de la patte à l’échelle du pays. En 2014, le taux d’intentions entrepreneuriales affichait 27,6 % dans le reste du Canada.

Le pourcentage des gens qui passent à l’acte – les démarcheurs – était aussi plus bas au Québec (9,1 %) que dans le reste du Canada (13,9 %) en 2014.

«Il convient de noter le taux élevé d’intentions entrepreneuriales des jeunes de 18 à 34 ans», fait-on remarquer. «Plus d’un tiers des jeunes Québécois sont en effet tentés par l’entrepreneuriat. Le taux d’intentions entrepreneuriales des jeunes de 18 à 34 ans a aussi connu l’augmentation (3 %) la plus importante entre 2014 et 2015.»

Toujours selon l’étude, plus du quart des répondants manifestant des intentions entrepreneuriales affirment avoir été «positivement influencés» par les intervenants scolaires en matière d’entrepreneuriat.

Par ailleurs, le taux d’intentions entrepreneuriales des femmes a fait un bond de 1,8 % par rapport à 2014. Ainsi, l’écart entre les taux d’intention des hommes (24,6 %) et des femmes (15,8 %) s’est réduit de 10,4 % à 8,8 %.